Pauvre Premier Mai

Triste premier mai.

 

Si la pluie n’est pas triste en soi, cet hiver qui n’en finit pas commence à peser et même si le muguet mouillé veut dire des larmes de joie à venir, il n’est guère agréable d’être obligé de refaire une flambée dans sa cheminée un premier mai.

Mais si il y a encore une chose qui m’a attristé plus que la pluie, c’est bien la division syndicale en France et la multiplication des défilés. Les Patrons peuvent se réjouir : ils ont gagné, car ils ont réussi à dresser les travailleurs les uns contre les autres, et celà, alors que c’est officiellement la gauche qui est au pouvoir. Il est vrai que la gauche on ne sait plus très bien où elle est. Qui c’est, la gauche, en ces premiers jours de mai 2013, un an après l’élection de celui qui avait gagné les primaires citoyennes de la gauche ?

L’ex secrétaire nationale du PS fait sa fête de la rose dans son coin… dans son fief… retour au moyen-âge, retour aux baronnies. Elle y a invité le secrétaire général actuel, celui qu’elle avait adoubé, celui qui l’avait aidé à se débarrasser de Ségolène Royal.

Monsieur Mélenchon défile bien à Paris, on l’aperçoit, mais il est surtout préoccupé par sa manifestation du 5 mai. La CGT et la CFDT sont en conflit ouvert. Les autres syndicats sont si inexistants qu’on en oublie leur nom. Par contre, si il y en a une dont tout le monde parle, c’est bien de la fille de Jean Marie Le Pen. Les médias la disent et la redisent en pleine ascension, et cela semble leur plaire. Évidemment, les journalistes et chroniqueurs des télés et radios qu’elles soient publiques ou privées (on ne voit plus trop la différence parfois) ne connaissent pas les réalités de la crise. Pour eux, ce n’est qu’un concept dont ils savent parler et qu’ils savent agiter.

manifsglob

Je me souviens d’un autre premier mai... celui de 2002. J’étais alors en Côte d’Ivoire et j’étais revenu en France quelques jours pour des entretiens professionnels. De Paris à ma Normandie où je me rendais je ne voyais que l’effroi devant les résultats du 21 avril et la mobilisation énorme qui se mettait en marche pour contre le FN au second tour.

Le paradoxe est qu’il n’y avait pas de quoi paniquer… que d’exagération à l’époque pour presque avoir tout oublié 11 ans après. Si personne ne se bouge aujourd’hui, il sera un peu tard en avril 2017 pour se mobiliser car si Marine Le Pen est au second tour, il est fort possible qu’elle le gagne. Il est fort possible que le Front National gagne. Moins dangereux qu’il y a onze ans ? Plus personne (alors qu’ils étaient 80% il y a 11 ans) n’a peur ?

Et alors, tomberont les masques.

Triste fête du premier mai, aussi bien à Reims qu’à Paris et quand ensuite, sur les commentaires de certains blogs on aperçoit ceci:

        “”””O sauvage one six a écrit :

Quand je pense à la vraie fête du travail,  célébrée au Trocadero l’année dernière avec Nicolas Sarkozy. .. ça en jetait ! Je me demande si on n’était pas plus nombreux : cool:””””

On est bien obligé de s’avouer qu’il n’a peut-être pas tout à fait tort ce Monsieur. Où sont-ils tous ceux qui l’an passé poussaient leurs cris d’orfraie devant l’évidente récupération politique de cette fête du travail, de cette fête des travailleurs? Incapables de défiler ensemble, incapables de laisser leurs dissensions de côté pour quelques heures, incapables d’oublier leurs petites rancoeurs personnelles ! Pauvre gauche française ! Le sursaut de 2011/2012 n’aura pas duré longtemps.

Et les sondeurs ont le culot de lancer un sondage sur la possibilité d’un gouvernement d’union nationale ! Mais voyez vous déjà le bazar qui existe entre ministres d’un même parti ?

Quelle farce ! Les meilleurs de chaque bord ! Mais d’abord qui nous a dit qu’ils étaient les meilleurs ? cela fait quand même une trentaine d’années (disons 20 pour les plus jeunes) qu’on les voit à l’oeuvre et que pas grand chose ne bouge.

Aujourd’hui, ce genre de sondage n’est qu’une manipulation pour faire accepter au peuple l’idée que seul le capitalisme peut nous sortir de la crise qui pourtant lui est intrinsèque. Qui osera admettre que cette crise est la crise du capitalisme et qu’il faut complètement envisager une autre conception des sociétés pour que l’humanité puisse continuer à ,évoluer sereinement et intelligemment.

Et bien sûr les MEDIAS s’en donnent à coeur joie pour enfoncer le clou.

 

Je n’irai pas le 5 mai rejoindre le Front de gauche bien que je comprenne qu’ils aient besoin de se singulariser pour qu’on parle d’eux. Jean Luc Mélenchon était tout heureux d’être l’invité de l’émission orientée: des paroles et des actes. Il est vrai qu’il est assez habile pour éviter de tomber dans les pièges grossiers qu’avaient préparé David Pujadas et ses complices. Comme casseurs d’images, ils se posent là, ces professionnels de l’information neutre et impartiale. Purs produits du capitalisme ils sont incapables d’imaginer d’autres options de société et ne cessent de parler de cette “crise”dont ils ignorent complètement les dures réalités. Heureusement qu’ils se trouvent souvent pris à leurs propres pièges. Ce jeudi 25 avril, c’est surtout leur propre image et celle de l’émission qui a été cassée.

Des paroles et des actes

Leurs discours sont prêts et leurs questions n’admettent qu’une seule réponse. Ils se croient dépositaires d’une vérité incontournable qu’ils nous assènent quotidiennement : la dette, les marchés, la mondialisation…

Non, Monsieur Langley, ce n’est pas l’absence de concurrence qui fait que les lunettes sont chères mais les accords secrets entre les différentes marques. Et c’est parce que des associations de consommateurs ont dénoncé de telles pratiques chez les opérateurs téléphoniques que les prix des forfaits ont baissé. Ces prix ont également baissé car les opérateurs ont délocalisé leurs centres d’appels dans des pays à fort chômage là où le coût de la main d’oeuvre était très bas.

Très belle leçon d’histoire Monsieur Attali. Mais a-t-on le droit d’imaginer que celà aurait pu se passer autrement. Les villes auraient pu elles-mêmes armer les bateaux pour aller chercher des épices. Les richesses amassées ou produites auraient pu être partagées entre tous les membres d’une communauté. Les bras d’une communauté auraient pu construire des bateaux et attendre le retour de ces bateaux pour recueillir le fruit de leur travail. L’apparition des banques n’est qu’une péripétie de l’histoire; elle n’était pas nécessairement inscrite dans les gênes de l’humanité. Quant au pouvoir de l’argent, il n’existe que par une perversion de son rôle initial qui n’était que celui d’un simple facilitateur des échanges de marchandises. De nombreux sociologues et ethnologues nous ont montré à travers leurs analyses que certaines sociétés avaient évolué avec d’autres principes, une autre harmonie. Ce capitalisme financier qui entraîne actuellement l’humanité dans une grave crise et qui va directement dans le mur n’est pas une fatalité.

L’humanité peut encore changer. Elle sera obligée de changer.

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